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Investissements dans les combustibles fossiles
Pile de charbon
Le changement climatique déclenche une prise de conscience mondiale qui incite les responsables gouver-
nementaux à prendre de multiples initiatives pour le combattre. À l'échelle mondiale, l'objectif est de parve-
nir à un paysage énergétique totalement durable en 2050. Globalement, les pays sont responsables de 99,7 %
des émissions de CO2. Sur le long terme, l'objectif est de passer à 100 % d'énergies renouvelables (éolienne,
hydraulique et solaire) d'ici 2050, et à au moins 80 % d'ici 2030. Le réchauffement climatique serait atténué
et le secteur énergétique serait stabilisé si la planète était entièrement alimentée par des énergies durables.
De nombreuses nations dans le monde ont adopté des politiques anti-pétrole qui mettent en évidence la né-
cessité d'une transition vers des énergies propres. Cette transformation radicale ne peut toutefois être réali-
sée sans le soutien total des parties prenantes mondiales (décideurs politiques, entreprises et autres organi-
sations concernées). Dans cette optique, les écologistes et les militants du changement climatique
préconisent que Wall Street et les banques du monde entier renoncent aux combustibles fossiles. Des efforts
sont déployés pour limiter les émissions mondiales. JP Morgan, Wells Fargo, Citi, RBC et Mitsubishi UFS sont
les plus gros prêteurs aux projets liés aux combus-tibles fossiles. Jusqu'à présent cette année, JP Morgan a
financé le plus grand nombre de prêts et d'obliga-tions combinés. Pour les sociétés pétrolières et gazières, la
banque a souscrit des obligations pour un mon-tant total de 2,5 milliards de dollars. Un autre gros prêteur
est Wells Fargo, qui a fourni principalement des prêts aux entreprises de ce secteur.
Malgré la pression exercée par la société, les banques du monde entier continuent de prêter de l'argent et
d'émettre des obligations de sociétés pétrolières, gazières et charbonnières, les transactions obligataires
liées aux combustibles fossiles organisées par les banques s'élevant à près de 250 milliards de dollars en
2021. Le plus grand changement dans le financement des combustibles fossiles est signalé par la Postal
Savings Bank of China entre 2016 et 2020. L'augmentation de 168 millions de dollars en 2016 à 2,2 milliards
de dollars en 2020, a dépassé les 1200%. Ces investissements témoignent d'une situation véritablement cont-
radictoire. Alors même que le secteur de la finance s'est engagé à lutter contre le changement climatique, les
plus grandes banques du monde financent largement l'industrie des combustibles fossiles. Le deuxième plus
grand mouvement entre 2016 et 2020 dans le financement du changement de combustible fossile a été ob-
servé par la China Minsheng Bank, puisque son financement a atteint 10,8 milliards de dollars, soit une
augmentation de 550 % par rapport à 1,7 milliard de dollars.
Lors du récent Congrès mondial du pétrole à Houston (Texas), le secrétaire général de l'OPEP, Mohammad
Barkindo, a déclaré : "Un arrêt des investissements dans le pétrole et le gaz serait mal avisé. Près de 12 000
milliards de dollars de dépenses sont nécessaires d'ici à 2045 pour assurer un approvisionnement suffisant
en brut et en gaz, faute de quoi le monde connaîtra des séquelles à long terme sur la sécurité énergétique;
ce qui affectera non seulement les producteurs mais aussi les consommateurs."
Ils proposent de relever les dépenses d'ici la fin de la décennie à 523 dollars par an. Cette mesure permet-
trait d'éviter une augmentation incontrôlable des prix de l'énergie et des bouleversements économiques à
venir. Le désinvestissement dans le charbon ou la limitation des prêts aux entreprises charbonnières n'est
pas la solution pour lutter contre le changement climatique, selon les institutions financières. Elles estiment
en effet que le pétrole et le gaz seront encore indispensables dans un avenir proche. Les gouvernements
devraient arrêter de dissuader les investisseurs de s'engager dans les combustibles fossiles.
Perspectives 64