Le lundi 9 mai 2022, le fleuron de l’industrie minière africaine se réunissait au Cap pour la vingtième année consécutive. Un mot était présent sur toutes les lèvres : décarbonation. Il s’agit de l’ensemble des mesures visant à réduire les émissions de dioxyde de carbone (CO2) d’une entreprise, d’un secteur d’activité ou d’un pays.

L’industrie minière africaine a estimé que  des efforts supplémentaires dans ce sens seraient les bienvenus. En effet, le secteur demeure extrêmement dépendant des poids lourds pour déplacer le minerai depuis les zones d’extraction jusqu’au zone d’exportation. Or le transport routier  constitue à ce jour  l’une des  sources majeures d’émission de dioxyde de carbone. Ainsi, en matière d’acheminement, l’enjeu est  désormais comme l’a rappelé le président de la Zambie, Hakainde Hichilema d’assurer une meilleure  intégration ferroviaire sous régionale : « Il est impératif que nous travaillons ensemble : l’Afrique du Sud, le Zimbabwe, la Zambie et la RDC. Vraiment, nous devons trouver un terrain d’entente pour réparer notre chemin de fer pour le transport de nos biens et de nos services … le secteur minier compris ».

De manière plus générale, le Sommet a été l’occasion pour le secteur de réitérer son implication  vis-à-vis de la transition énergétique sans pour autant  éluder les questions et débats nombreux qu’elle soulève.

Alors que le secteur minier représente une source de financement porteuse d’espoir, il n’est pas admissible que la transition énergétique entrave les perspectives de prospérité économique pour les habitants du continent le plus pauvre du monde.

L’industrie minière a encore de beaux jours devant elle. Il serait injuste de ne pas en faire bénéficier les populations. En Afrique de l’Ouest, la flambée de l’or est porteuse d’espoir. En effet, le secteur aurifère en dépit du COVID et de l’instabilité politique des pays producteurs se porte comme un charme.

Lamine Seydou Traoré, ministre malien des Mines résume d’ailleurs la situation de manière particulièrement éclairante « Le secteur minier a continué à remplir son rôle de pourvoyeur de fonds, pour une contribution du secteur au budget national de plus de 450 milliards de francs CFA, en 2021. ». La production aurifère se trouve totalement épargnée par les événements politiques qui se succèdent au Mali : putsch et fermeture des frontières terrestres imposées par la CEDEAO notamment.

Au pays des hommes intègres, 16 tonnes supplémentaires d’or devraient être produites cette année . L’or demeure le premier produit  d’exportation et ce depuis 13 ans. Moïse Ouedraogo, secrétaire général du ministère des Mines et des Carrières du Burkina Faso indique à juste titre: « L’or soulage les finances du pays et représente aujourd’hui environ 400 milliards de recettes fiscales par an. C’est très important. On a constaté que durant la crise sanitaire, c’est le secteur qui a été le plus résilient, car les revenus de ces sociétés minières ont été réguliers, elles ont innové et l’exploitation minière a continué. Le cours élevé de l’or a permis au budget de l’État de se maintenir, pendant cette période de pandémie. »

Par ailleurs, l’Afrique du Sud, pays hôte du Sommet, est lui même dépendant à 70% du charbon. De plus, la  fracture sociale est largement perceptible dans l’ensemble du pays avec un taux de chômage culminant à 35% ce qui en fait l’un des plus élevés d’Afrique. Dans cette perspective, comment envisager sereinement de se départir totalement du charbon à l’horizon 2050  sans causer des troubles économiques et sociaux majeurs.

Il ne suffit pas aux occidentaux de réciter des formules incantatoires en matière de sauvegarde de la planète, il faut également tenir compte des contraintes économiques que cela peut représenter pour des économies qui n’ont connu ni révolution industrielle ni émergence d’une classe moyenne synonyme d’une société de consommation prospère.